Une biodiversité riche, avec des espèces clés - castors, lynx, loups, loutres… - qui s’épanouissent et circulent librement dans de grandes zones sauvages bien connectées entre elles. Voilà l’idéal auquel nous aspirons. Mais pour l’atteindre, nous avons du pain sur la planche.
Parmi les différentes méthodes pour conserver, protéger et restaurer la nature, une approche innovante sort du lot : le réensauvagement, ou “rewilding” en Anglais. Il s’agit d’un processus de reconstruction. On aide la nature à se reconstruire. Comment ? En rétablissant les processus naturels, la connectivité écologique et le réseau alimentaire complet.
Établir de larges zones naturelles protégées : voilà souvent la première étape du réensauvagement. Comme par exemple les nouveaux parcs nationaux, récemment annoncés en Wallonie.
Parallèlement, il s’agit aussi d’améliorer la connectivité entre les zones naturelles. Cela peut passer par la construction d’écoducs au-dessus des autoroutes, la destruction de barrages artificiels pour laisser couler librement la rivière, ou par la plantation de haies, bosquets, marres entourées de roseaux...
Grâce aux grands espaces et à une meilleure connectivité, les processus naturels ont assez de place pour s’épanouir. Ces « processus naturels » sont ces infinies interactions entre les plantes, les animaux et leur environnement : pollinisation, photosynthèse, broutage, décomposition, érosion, crues et marées…
Cette amélioration des paysages permet aussi aux espèces de mieux se disperser. En résultera une plus grande variété génétique des plantes et des animaux, qui aide à la résilience face aux maladies, au réchauffement climatique, etc.
Réensauvager, c’est aussi restaurer le « réseau trophique ». Le quoi ? Le réseau trophique c’est un réseau alimentaire complet, c’est l’ensemble des chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d’un écosystèmes : des prédateurs carnivores aux grands herbivores jusqu’aux insectes et même au bois mort. Plus un écosystème comporte d’espèces dans son réseau trophique, plus cet écosystème est résilient, c’est-à-dire capable d’absorber les chocs.
Concrètement, les actions pour soutenir le réseau trophique peuvent être diverses : réintroduction d’espèces clés, favoriser la présence de bois mort, etc.
Le réensauvagement veut qu’il n’y ait quasiment pas d’intervention humaine : une fois que les bonnes conditions ont été mises en place pour que la nature puisse se régénérer elle-même, la région réensauvagée doit ensuite pouvoir devenir quasiment autonome. Le paysage sera dynamique, avec des inondations, des invasions d’insectes, des zones plus ou moins boisées au fil du temps.
Le réensauvagement ne se fait pas au détriment des êtres humains. Au contraire ! Il s’agit de trouver à terme une véritable harmonie entre les humains et la nature.
De plus, le fait de protéger la biodiversité a des avantages directs pour les humains : le stockage de l’eau de pluie, l’absorption du carbone, la prévention des inondations etc. sont autant de fonctions qu’une nature en bonne santé remplit bien mieux qu’une nature dégradée.
Au WWF, nous mettons en place de nombreuses actions de réensauvagement de la rivière et des forêts en Belgique. Et d’ici 2030, nous visons des objectifs ambitieux, comme des populations florissantes de mammifères emblématique, au moins trois zones de plus de 5000 hectares protégées, et une connectivité entre tous les grands espaces naturels.